mardi 3 novembre 2015

                                                  Hommage à Yal.





Aujourd’hui a lieu la cérémonie pour dire au revoir à Yal. à Bruxelles. Je n'y suis pas mais je voudrais dire à Yal que je me souviens de notre après-midi où tu m'as parlé de ta vie , de tes œuvres et de ton engagement politique. Je me souviens de ton humanisme et de ta sympathie , de la richesse de ta vie et du lien que tu tissais entre tes paroles et tes idées. Je me souviens que nous avions parlé de Norman Spinrad , de Frank Herbert et d'Ursula K le Guin

Je me souviens de Parleur ou Chroniques d'un rêve enclavé, le livre que tu m'as dédicacé. Parleur (dont je me suis toujours demandé quelle part de toi tu avais mise en lui ) va suivre les poèmes de Karel (dont je me suis demandé si il ne faut pas enlever le e pour comprendre le message philosophique et politique du texte). Il va arriver sur la Colline quartier spécifique et frondeur d'une ville où Karel vivait et écrivait avant d'être exécuté. Là , il va tenter de bâtir pas à pas et dans la non-violence l'utopie dont rêvait Karel face à une monarchie autoritaire et à d'autres adversaires (le Dogme et la Ghilde). Il y a des références historiques (notamment à la Commune ou au soulèvement des canuts peut être) et la tentative d'élaboration d'une fragile utopie. C'est de la fantasy sans magie et sans créatures magiques. C'est un portrait tendre de la gauche radicale et de l'extrême gauche dans toutes ses nuances . C'est une oeuvre dont les citations claquent comme des drapeaux et restent gravées dans les mémoires. C'est une oeuvre pleine d'espoir malgré la défaite et qui met en place une réflexion sur la non-violence. Lisez le même sans être d'accord avec lui car il décrit également bien des personnages et résume d'un point de vue acéré un monde que si vous êtes en franc désaccord avec ses idées vous ne connaissez pas forcément et pour le profond humanisme qui émane des personnages. Parleur est pour moi le meilleur texte de Yal (dont le reste de l'oeuvre vaut aussi le coup d’œil d'ailleurs). 

Quelques citations pour vous mettre dans l'ambiance 

"C’est à l’Homme seul qu’il revient d’assurer l’égalité entre les Hommes et il ne doit pas le faire en offrant les mêmes chances à chacun, mais en veillant à ce que tous jouissent des mêmes avantages, jusqu’au plus malchanceux.
"

"La réalité, c’est que nous partageons le même monde, mais qu’ils l’ont scindé en deux parts formidablement inégales. Ils sont tout-puissants, c’est vrai, pourtant nous les intéressons... et pas qu’un peu ! Leurs écus, leurs châteaux, leurs bateaux, leurs armées, leurs beaux vêtements, leurs beuveries, leurs ripailles, ils nous doivent tout ! Jusqu’au plaisir que certains prennent à nous maltraiter. Tout ce qu’ils possèdent et tout ce qu’ils font provient de notre sueur. Même ce qu’ils ressentent, car leurs émotions seraient bien différentes s’ils devaient connaître ne serait-ce qu’un dixième de nos préoccupations. 
Voilà pourquoi nous ne sommes pas impuissants.
"

"— Bordel de merde ! Il est intolérable que des milliers crèvent de faim pendant qu’une poignée s’empiffre et donne les restes à ses chiens ! Il est intolérable que des milliers meurent à la guerre pendant qu’une poignée joue à la guerre depuis ses lointains châteaux ! Il est intolérable de trimer quinze heures par jour dans les champs pour les miettes que laisseront ceux qui ne font que l’effort d’empocher la récolte ! Il est intolérable de trembler de peur ! de grelotter de froid ! de souffrir de tortures ! d’enfanter de viols ! Il est intolérable de consacrer son existence à la seule survie, pendant que d’autres peuvent briser n’importe quelle vie sur un caprice, et qu’ils ne s’en privent pas !
"
"Si le monde ne te convient pas tu n'as qu'à le changer "


Enfin, je repense aux phrases de Karel sur la mort. :

 "On ne devrait jamais mourir quand il existe quelque chose de beau. La mort enlaidit tout". 

"On ne  pleure pas les morts , on pleure ce qu'ils ont l'audace de nous prendre en s'en allant, un peu de tendresse et beaucoup d’égoïsme". 

Adieu Yal : Je sais que tu ne croyais pas en Dieu mais j'espère que nous nous reverrons au Paradis où je suis sûr que tu seras. Adieu Yal. Je prie pour toi et nous continuerons notre discussion là bas.


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