dimanche 1 septembre 2019

Inversions

Inversions de Iain M Banks ou quelques trios

Inversions se passe dans le cycle de la Culture qu'il est nécessaire de décrire. La Culture est comme le dit Gérard Klein dans la préface qu'il fait à l'édition française "une vaste société galactique, multiforme, pacifiste, décentralisée , anarchiste, tolérante, éthique ,agnostique et cynique peut être ultimement cpnformiste s'en doutant et s'en défendant". Wikipédia en offre un bon résumé https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Culture . La Culture est donc décrite comme une société" fondamentalement paradisiaque. Comme un des personnages la décrit à un enfant dans le roman "Il était une fois une contrée magique où chaque homme était un roi, chaque femme une reine ... Dans ce pays , nul ne souffrait de la faim ni d'aucune autre infirmité". Pour définir la culture, on pourrait dire que les habitants de celle-ci n'ont aucune limite à l'accomplissement de leurs désirs. La culture pourrait sembler une utopie. Cependant, les rares moments où Iain M Banks nous parle de la Culture de l'intérieur nous montre une majorité de citoyens dont l'existence est vide dans des passages faisant irrésistiblement penser au dernier homme de Nietzche. Je ne peux résister à vous mettre ce texte qui est une des définitions parfaites de la culture
 "
« Hélas ! Le temps vient où l'homme deviendra incapable d'enfant une étoile dansante. Hélas ! ce qui vient, c'est l'époque de l'homme méprisable entre tous, qui ne saura même plus se mépriser lui-même
Voici, je vais vous montrer le Dernier Homme:
« Qu'est-ce qu'aimer? Qu'est-ce que créer? Qu'est-ce que désirer? Qu'est-ce qu'une étoile? » Ainsi parlera le Dernier Homme, en clignant de l' oeil.
La terre alors sera devenue exiguë, on y verra sautiller le Dernier  Homme qui rapetisse toute chose. Son engeance est aussi indestructible que celle du puceron; le Dernier Homme est celui qui vivra le longtemps.
« Nous avons inventé le bonheur », diront les Derniers Hommes en clignant de l'oeil.
Ils auront abandonné les contrées où la vie est dure ; car on a besoin de  la chaleur. On aimera encore son prochain et l'on se frottera contre lui, car il faut de la chaleur.
La maladie, la méfiance leur paraîtront autant de péchés ; on n'a qu'à  prendre garde où l'on marche ! Insensé qui trébuche encore sur les  pierres ou sur les hommes !
Un peu de poison de temps à autre ; cela donne des rêves agréable s; beaucoup de poison pour finir, afin d'avoir une mort agréable.
On travaillera encore, car le travail distrait. Mais on aura soin cette distraction ne devienne jamais fatigante.
On ne deviendra plus ni riche ni pauvre; c'est trop pénible. Qui voudra encore gouverner? Qui donc voudra obéir? L'un et l'autre trop pénibles.
Pas de berger et un seul troupeau ! Tous voudront la même chose pour  tous,  seront égaux; quiconque sera d'un sentiment différent e  entrera  volontairement à l'asile des fous.
Jadis tout le monde était fou », diront les plus malins, en clignant de l'oeil.
On sera malin, on saura tout ce qui s'est passé jadis; ainsi l'on aura de quoi se  gausser sans fin. On se chamaillera encore, mais on se réconcilie bien  vite, de peur de se gâter la digestion.
On aura  son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit; mais on révérera la santé.
"Nous avons inventé le bonheur », diront les Derniers Hommes, en clignant de l'oeil".
Cependant et même si cette définition est vraie, il ne faut pas oublier ce que n'est pas la Culture et le mondes qui nous est présenté n'est pas idéalisé comme un monde de "bons sauvages heureux". C'est des mondes remplis par la guerre, la torture, les états autoritaires semi théocratiques , la maladie et la misère. Une ambiguïté est que même si nous choisissons le protagoniste qui rejette la culture nous ne pouvons nous empêcher d'apprécier comme lui ce que fait concrètement la Culture dans les mondes en questions

Cependant, la Culture échappe à cette définition totale car elle garde un idéal. Et là est sa seconde ambiguïté. La Culture est de facto dirigée par des intelligences artificielles, les Mentaux qui permettent de régler le "problème" des humains dans l'utopie car ils la gèrent sans être corruptibles car non-humains. Les Mentaux sont tout puissants et totalement bons dans leur définition du bon. Cependant, la Culture et les Mentaux voient qu'il existe ailleurs des civilisations souffrant de la famine, la guerre , les maladies , les inégalités et les oppressions. Et la Culture étant fondamentalement bonne elle veut supprimer cela pour ces sociétés mais sans les dévaster par un contact trop vif ou trop brutal. Pour cela, elle dispose d'une branche nommée Contact chargée de "guider " ces sociétés vers ce que la Culture définit comme étant le mieux à savoir son modèle. Enfin, si Contact échoue, Circonstances Spéciales prend le relais composée d'agents de la culture (ou de spadassins qu'elle recrute ailleurs) aidés par des drones miniatures appelés drones couteaux. Enfin, ces deux structures permettent à la culture de gérer le problème des membres de la Culture malheureux dans l'utopie en les envoyant "dans le monde". Les romans de Iain M Banks nous décrivent les contacts de la Culture avec d'autres civilisations et donc la Culture par ses marges et par ses contacts avec d'autres civilisations.

Dans ce contexte , le roman Inversions pourrait sembler ne pas appartenir au cycle de la Culture . Nul ne fait officiellement partie de la culture et nous avons l'opposition entre une série de royaumes et un conquérant type Napoléon tentant de réunifier un empire qui a disparu (la référence à Napoléon étant due à son origine sociale peu élevée, aux liens qu'il a avec ses généraux également anciens mercenaires, à sa fascination pour l'aristocratie, à son génie militaire et à son titre "Protecteur" ). Le tout dans une société entre la période médiévale et la renaissance. Pourtant , la Culture est présente discrètement sur la protection mystérieuse qu'a une des protagonistes ou l'histoire qu'un protagoniste raconté à un enfant dans un monde imaginaire où il n'y avait ni pauvreté , ni maladie, ni mort, ni guerres sauf très lointaines

Ce roman fonctionne par le biais de triangles : le premier est géopolitique c'est l'opposition entre les deux espaces politiques, la Culture jouant "au dessus". Nous avons deux triangles amoureux : dans le royaume entre une médecin Vossil , personnage exceptionnel et en rupture avec les conservatismes de son temps, son apprenti , écrivain de la part du récit se passant dans le royaume en question et personnage très attachant auquel le lecteur est poussé à s'identifier et le roi Quience. Dans le territoire du protecteur entre le Protecteur, son garde du corps étrange DeWar et une femme du harem du Protecteur. Nous avons d'ailleurs un troisième triangle amoureux raconté par DeWar à un enfant
Les récits se concentrent sur DeWar et Vossil . L'un est un guerrier , l'autre une médecin. Ces personnages semblent être dans des rôles de genre extrêmement stéréotypés, l'un donneur de mort, l'une sauveuse de vie. L'un dans une logique héroïque assez proche de celle qu'analyse Gérard Chaliand dans les épopées et acceptant le mal comme dans la nature du monde, l'autre dans une logique de compassion et voulant faire reculer ce mal. Cependant, tout le récit déploie une subtile inversion qui fait qu'à la fin on se demande qui était le guerrier/la guerrière ou le docteur/ la docteure. Qui est le héros/ l’héroïne sans compromis et pour qui la fin justifie les moyens ou le/ la guérisseur/guérisseuse remplie ou remplie de compassion.

Pour conclure, une question de la culture est celle de l'interventionnisme qui est l'un des points de débats entre deux des personnages du livre. Peut -on intervenir pour forcer les sociétés à aller vers "le plus grand bien" ? Si oui quelle forme doit prendre cette intervention ? (là encore le roman opère une inversion car le camp favorisé par la Culture n'est pas celui qui semble le plus révolutionnaire). Car la Culture ne veut pas que cette société change , elle veut qu'elle change dans la direction souhaitée. La Culture est suprêmement impérialiste tout en s'en défendant mais même ceux d'entre elle qui la rejettent (l’un des personnages du livre) agisse avec une vision du monde formée par elle. En un sens Iain M Banks dans son livre tient un miroir poussant leurs traits à l'extrême aux sociétés occidentales post guerre froide et pré arrivée des pays émergents et ce miroir est fascinant car complexe





lundi 27 mai 2019

Notes rapides sur les européennes

Le RN arrive en tête avec 5 281 576 voix. Son pourcentage baisse légèrement par rapport à 2014 mais progresse par rapport à 2017. Il plafonne voire diminue dans ses bastions du littoral méditerranéen mais progresse dans le Nord Est industriel et dans l'outre mer devenant de plus en plus un vote social cela alors que ses dirigeants ont fait un tournant économique libéral. Enfin, il récupère des miettes de la bourgeoisie de droite à Paris notamment 

dimanche 26 mai 2019

Notes sur la droite dure et l’extrême droites aux européennes.

4 tendances divisées mais une progression nette

Chez les non inscrits siègent entres autres (avec des communistes orthodoxes et des partis satiriques) des partis néo nazis et néo fascistes. Ils disposent de 7 élus actuellement. Si les néo nazis du NPD ne devraient pas avoir d'élus , la percée des néo fascistes de Marian Kotleba notre slovaquie , le maintien d'aube dorée en grèce et l'émergence de son parti frère elam à chypre et le maintien du Jobblik devrait donner 9 élus à ces courants.

L'alliance autour de Matteo Salvini et de Marine le Pen élargie à une partie de l'extreme droite des pays baltes avait 35 élus (un peu plus si on compte les nouveaux alliés membres du groupe ECR). Elle devrait en avoir 77 dont 25 d'Italie, 21 de France , 12 d'Allemagne et 6 d'Espagne. EEn dehors de cela elle devrait nettement élargir sa présence européenne avec des élus en Grèce , , Danemark , Estonie, Finlande , République Tchèque et  Slovaquie tout en maintenant sa présence en Autriche ainsi qu'aux Pays Bas et en Belgique.

L'alliance plus modérée des conservateurs et réformistes européens est structurée autour de trois poles. Des partis d'extreme droite classique comme le Forum pour la démocratie néerlandais ou les démocrates suédois ainsi que l'extreme droite bulgare ainsi que l'alliance nationale lettone " ou fratelli d'italia qui devraient passer de 10 à 12 élus.
Des partis chrétiens unis par un conservatisme très fort sur les questions de société mais assez divisés pour le reste , de partis de droite dure voire d'extreme droite comme droit et justice en pologne , l'alliance électorale des polonais de lituanie ou les ultra conservateurs croates à des partis qui sur les autres questions sont de gauche (l'union chrétienne néerlandaise) voire à un parti néerlandais pronant une théocratie (le parti protestant réformé ou les chrétiens allemands respectant vraiment la Bible ). Ils devraient passer de 26 à 28 élus.
Enfin et si on met à part la droite dure séparatiste flamande de la N VA , il y a des partis de droite dure mais sans lien avec l'extreme droite voire seulement de droite mais eurosceptique comme les libertariens de solidarité et progrès slovaques ou les conservateurs britanniques. Leur poids devrait s'effondrer du fait du déclin des conservateurs britanniques en passant de 23 à 14 élus.

Pour finir, le mouvement 5 étoiles voudrait monter un groupe "populiste pur" . Ses alliés probables seraient le Brexit party , le mouvement anti système tendant vers l'extreme droite kukiz 15 en pologne et le mouvement assez à gauche Bloc Humain croate. Ils passeraient de 42 à 50 élus. 4 partis ne seraient pas suffisants pour créer un groupe, il en faudrait trois autres mais cela peut se trouver avec des partis "doublons " pour le même pays au sein des autres groupes d'extreme droite (forum pour la démocratie et l'union chrétienne ne veulent pas siéger dans le meme groupe) ou avec des partis durs à situer comme le parti satirique allemand.

Enfin, l'exclusion des sociaux démocrates roumains du groupe social démocrate et le probable départ d'Orban du PPE devraient les pousser à adhérer à un groupe d'extrême droite. Orban l'a annoncé (et devrait partir avec le parti roumain de la minorité hongroise) et les sociaux démocrates ne devraient pas rejoindre l'alde ou le ppe (dont les partis roumains les accusent à juste titre de corruption) ni les verts ou la gauche radicale vu leurs positions sur le mariage homosexuel ou l'immigration. Cela devrait donner entre 21 et 23 élus de plus pour ces groupes.

Cela donnerait 190 élus à ces courants contre 160 actuellement ce qui serait une progression assez substantielle d'autant qu'elle s'accompagne d'une radicalisation de la composition de ces groupes avec notamment la quasi disparition des conservateurs britanniques.

vendredi 17 mai 2019

Européennes : le groupe libéral . Vers une émergence comme deuxième force au niveau européen ?

Ce groupe lié au parti nommé l'ALDE  se présente comme centriste , pour une UE fédérale et attaché au libéralisme économique et sociétal. Mais il est un des plus hétéroclites.

On peut tout d'abord y distinguer une filiation libérale nationale. Il s'agit de partis qui se sont historiquement séparés des démocrates chrétiens car plus libéraux sur les questions de société ou sur les rapports Eglises états. Cependant, avec le développement de la question sociale dans les pays structurés par ce clivage, ils se sont révélés plus à droite que les démocrates chrétiens sur cet axe politique. Enfin, ils se sont également révélés plus à droite que les démocrates chrétiens sur les questions d'immigration de sécurité ,et d'identité tout en étant en moyenne peu eurofédéralistes (les démocrates chrétiens  n'étant plus à droite que sur les questions de société). On peut mettre dans cette catégorie les partis libéraux issus des scissions avec les démocrates chrétiens dans le Benelux comme le MR , l'Open VLD ou le VVD néerlandais. On peut y rajouter la Venstre danoise au pouvoir et le FDP et les électeurs libres allemands. On peut également rajouter Ciudadanos. Actuellement , ces différents partis ont 20 élus au Parlement européen. Actuellement ils devraient avoir 4 élus en Belgique, 5 aux Pays Bas et 2 au Danemark ainsi que 9 en Allemagne et 10 en Espagne ce qui leur donnerait 30 élus.

Puis on peut y rajouter des libéraux "purs". Ils sont libéraux sur les questions économiques et sur les questions de société. Cela inclut  des partis libéraux conservateurs mais moins conservateurs que des partis de droite locaux Mais ces partis peuvent être en termes de politiques objective plus conservateurs que les partis libéraux conservateurs quand la scène politique du pays concerné est plus à droite . On peut y inclure  LREM ,  ; les libéraux suédois , le parti de la réforme et le parti estonia 200 estoniens , et une série de petits partis croates, hongrois, tchèques , slovaques ou tchèques (HLAS , Positive Slovenia , Momentum ou Neos) de même que le parti "Modernes" polonais ou le Mouvement Libéral en Lituanie. Actuellement ces partis ont 19 élus. Ils en auraient 43 grâce à la montée de LREM et d'une droite libérale anti corruption en Roumanie.

Enfin, les libéraux progressistes regroupent les libéraux favorables à certaines régulations économiques et à un progressisme sociétal net . On peut retrouver des partis de ce type aux Pays Bas (Démocrates 66) mais aussi au Danemark avec la Radikale Venstre ou le Parti Démocratique du luxembourg ou les libéraux démocrates britanniques. Mais surtout ce groupe actuellement très faible pourrait s'élargir avec l'arrivée de partis en rupture de ban de la social démocratie car sur une ligne social libérale assumée (tels le parti travailliste maltais, le parti démocratique italien ou plus surprenant le parti socialiste portugais qui soutient LREM pour les européennes en France). Actuellement les deux partis en question membres de l'ALDE ont 6 élus. Ils auraient  13 élus  grâce aux libéraux démocrates britanniques mais pourraient monter à 43 si les partis les plus sociaux libéraux du PSE quittent celui-ci

Enfin, l'ALDE comporte aussi des partis autonomistes ou ethniques comme le Mouvement des droits et des libertés turc en Bulgarie , le parti du peuple suédois en Finlande , le parti du centre russe en Estonie et le parti nationaliste basque ainsi que la Convergence Démocratique de Catalogne en Espagne qui totalisent 8 élus . Ils devraient avoir 4 élus suite à l'affaiblissement du parti turc et au probable départ des partis espagnols incompatibles avec Ciudadanos très centraliste.

Le tableau ne serait pas complet sans le parti "populiste libéral "  du richissime homme d'affaires tchèque ANO 2011 qui a 4 élus mais les partis du centre  suédois et finlandais qui s'adressent à un électorat rural et eurosceptique et totalisent aussi 4 élus. Ils devraient passer à 12 élus grâce à l'émergence d'ANO 2011 comme une forme dominante en République Tchèque.

En conclusion, ces partis monteraient à 132 élus ce qui en ferait un groupe central mais uniquement dans une perspective où les sociaux démocrates se fracturent. Mais le groupe est de plus en plus composite entre des partis se voyant comme les héros du libéralisme européen face à l’extrême droite et d'autres gouvernant au niveau national avec cette même extrême droite.


mardi 7 mai 2019

Les listes des européennes en France : J'avais déja fait un état des lieux dessus maintenant toutes les listes sont annoncées

A la droite de l'extrême droite, trois listes ont pu se présenter. L'alliance royale officiellement non marquée sur le créneau gauche droite et purement royaliste, mais avec des cadres issus de l'aile catholique de l'extrême droite ou du RN. A priori , ils devraient faire un score insignifiant mais il existe une possibilité que l'action française les soutiennent sans le dire pour tester son potentiel électoral ce qui leur donnerait une force militante. Chez les néo fascistes de la dissidence française ,liste avec quelques ex élus du RN donc un peu de moyens financiers. Son score est à analyser pour voir le potentiel d'une extrême droite ultra radicale en France.Enfin, la liste de la "ligne claire" autour de l'inventeuèr du concept de "grand remplacement " Renaud Camus est sur une ligne racialiste. Cependant, elle a tangué après l'expulsion de la militante féministe identitaire Solveig Minneo car trop libertaire sur les sujets de société, anti catholique et hostile à la présence sur la liste de "non-blancs " comme le numéro 3 Karim Ouchikh catholique intégriste. Son expulsion montre que la liste n'arrive pas à rassembler tous les tenants d'une extrême droite française suprémaciste blanche mais a contrario le recrutement de la gilet jaune éborgnée Fiorina Lignier pour la remplacer peut leur permettre une certaine médiatisation.
Le RN a une liste mélangeant quelques figures d'ouverture et beaucoup de cadres "lignards". Sa ligne s'oriente de plus en plus vers un libéralisme identitaire (mais non racialiste comme la ligne claire) de moins en moins hostile à l'UE mais plus à cette UE (ce qui est à relier à l'influence d'hervé juvin ou de phillipe vardon en interne).
les Patriotes de Phillipot incarnent quand à eux une ligne social ultra souverainiste et très dure sur l’immigration mais sans être identitaire.
On peut noter la liste liée à l’extrême droite Evolution citoyenne de Christophe Chalençon qui prétend représenter les Gilets Jaunes.
Enfin, Debout la France était parti sur une ligne de "droite hors les murs" libérale assez peu opposée à l'ue très conservatrice sur les questions de société et entre le RN et LR sur l'immigration. Mais façe à l'évolution du RN voire de LR vers ce positionnement DLF a paniqué et a d'abord purgé les membres trop drotiers (les libéraux identitaires Charles et Emmanuelle gave) avant de virer le Parti chrétien démocrate et d'intégrer sur leur liste une personne ayant quitté LR car LR devenus trop conservateurs sur les questions de société. Cependant, le discours de DLF reste bien plus à droite que LR;

A droite nous avons uniquement deux listes. Les Oubliés de l'Europe sur un créneau poujadiste anti fiscalité et LR . LR emmené par Bellamy a fait le choix de se relatéraliser plus à droite en considérant que LREM occupait l'espace du centre droite. Cependant, Bellamy est à la fois très conservateur sur les questions de société mais moins à droite que le RN ou DLF sur l'immigration et dans un contexte où l'électorat libéral de droite est parti chez LREM et l'électorat anti immigration néo sarkozyste au RN , tenter de s'adresser à leur dernier électorat fidèle, conservateur au sens strict peut être habile d'autant que pas de concurrence sur ce créneau.

Au centre droit nous avons deux listes. LREM qui tente de jouer sur son image de parti au pouvoir et de "rempart contre l'extrême droite et le chaos" et l'UDI qui tente de jouer sur le créneau suivant : on est LREM mais pour les déçus de LREM

Au centre gauche- gauche , plusieurs listes se disputent l'espace électoral. L'alliance Place Publique PS Nouvelle Donne tentant de jouer sur un renouveau société civile d'un PS ayant fait un virage à gauche (mais abandonnant du coup son monopole sur le centre gauche) et une liste écologiste qui a fait pas mal de clins d’œil à droite, une alliance avec l'AEI et avec un tournant sur une ligne libérale économiquement libertaire sur les questions de société. Enfin, Génération tente de tout jouer sur le fait d’assumer être de gauche et d'être la gauche sociale écologiste et pro UE.

Chez les écologistes hors EELV et assimilés  , quatre listes. Le Parti animaliste comme son nom l'indique est focalisé sur la protection des animaux et a obtenu un financement public aux législatives qui devrait lui permettre d'imprimer des bulletins et d'attirer l'électorat écologiste le plus focalisé sur ce thème. Une liste décroissante et anticapitaliste , la liste du Parti Pirate focalisée sur la liberté d'Internet mais sur bien des points proche des thématiques écologistes. Enfin, la liste Urgence écologie est la plus dangereuse pour EELV car composée de l'ex ministre Delphine Batho , du MEI et du petit groupuscule de Robert Hue, elle peut attirer l'électorat écologiste réfractaire au gauchisme sociétal d'EELV


A gauche et à la gauche radicale , la FI a tenté comme LR une relatéralisation à gauche avec une tête de liste Manon Aubry au parcours très gauche classique. Cependant, le problème par rapport à LR est que ce créneau est aussi cherché par le PCF , Génération.s voire le PS ou EELV . En outre, cela va à porte à faux avec la stratégie de soutien total aux gilets jaunes aussi adoptée par la FI. Le PCF lui a une liste avec une tête de liste Brossat qui se débrouille bien en débat et avec une liste assez belle mais qui souffre de deux problèmes : l'adjectif communiste rebute pas mal de gens et nul ne sait exactement ce que veut le PCF

Enfin, à l’extrême gauche LO continue son sillon fort de sa base militante assez impressionnante et semble éliminer ses concurrents trotskistes alors que la liste communistes orthodoxe va tenter d'attirer des électeurs du PCF nostalgiques du marteau et de la faucille.

Sur les enjeux strictement européens trois listes eurofédéralistes et l'UPR sur un créneau centré autour de la sortie de la France de l'UE et avec une base militante assez conséquente

Pour conclure, ce tour d'horizon , pas mal de listes sont inclassables: on peut citer celles cherchant plus de démocratie directe ou favorables au RIC , une liste féministe, une voulant représenter les quartiers populaires , une voulant représenter la jeunesse ou une favorable au vote blanc. Enfin, on peut y classer la liste voulant récupérer les gilets jaunes et emmenée par Francis Lalanne qui a des moyens financiers et un certain potentiel avec une tête de liste connue.

Les enjeux

Pour LREM et le RN c'est simple : arriver entête avec le score le plus important possible.
Pour LR c'est d'être assez clairement le troisième parti devant les autres et d'être le plus prêt possible des deux premiers pour être vue comme une option de concurrence crédible.
Pour LFI et EELV , c'est atteindre les 10% , être en tête du bloc de gauche et dépasser leur rival.
Pour le PS et DLF c'est de dépasser les 5% car être en dessous serait une contre performance majeure pour les deux partis (et pour le PS signerait sa fin en tant que gros parti).
Pour les Patriotes et Génération;s c'est au moins la barre des 3% pour le remboursement, idem pour l'UDI et le PCF mais l'enjeu est moindre pour eux du fait de leurs fonds liés à leur réseau d'élus et à leur base militante.
Pour tous les autres, c'est de faire le score le plus élevé possible (avec pour LO et l'UPR , l'enjeu de faire plus qu'à la présidentielle) et pour les plus gros des autres (la liste de Lalanne, l'UPR , LO , Urgence écologie) d'atteindre les 3%.

jeudi 21 mars 2019

Etat des lieux des listes se présentant aux européennes .

à la droite de l’extrême droite c'est à dire plus à droite que le RN, quartes listes veulent se présenter. Si on peut être sûr que les néo fascistes de la dissidence française ne pourront pas se présenter , les trois autres listes devraient pouvoir . Le Parti de la France conglomérat d'ex gloires du FN de Jean-Marie Le Pen devrait faire un score mineur,  les catholiques intégristes Civitas se compter et l'alliance du SIEL et de Renaud Camus voir ce que pèse un courant identitaire racialiste dur. au moins , une des trois listes devrait pouvoir se présenter
à l'extrême droite, trois listes sont quand à elles sûres. Les Patriotes de Florent Phillipot sur un créneau social souverainiste et xénophobe mais non identitaire et assimilationniste stagnent à 1% dans les sondages et sont en concurrence directe avec l'UPR dont nous parlerons plus loin. Le RN de Marine Le Pen a des vents favorables et veut se positionner comme le principal opposant à Macron . Il est en moyenne à 21% dans les sondages. Il a abandonné la ligne eurosceptique et va vers une ligne ultra libérale en économie abandonnant son discours social et plus identitaire sur l'immigration.  Enfin, l'alliance de Debout La France de Dupont Aignan avec le parti chrétien démocrate et le cnip tente de faire l'"union des droites" sur un créneau libéral identitaire conservateur. Après une relative dynamique, leur campagne se passe mal et ils sont donnés tout juste au dessus de la barre d'éligibilité de 5%.
à droite LR est pour l'instant seul (les candidatures des libertariens et du candidat perpétuel Miguet étant peu sérieuses). Après avoir nettement baissé , la courbe dans les sondages de LR se redresse et ils sont donnés entre 13 et 14%. Leur ligne avec Bellamy est libérale conservatrice.
Au centre droit, LREM (qui est maintenant clairement à droite) et l'UDI se présentent : LREM va fédérer ses alliés (Agir, modem etc). L'UDI voulait incarner un centre droit alternatif mais l'effet gilets jaunes pousse cet électorat à faire bloc autour de Macron et leur score est donc très bas. LREM est en tête mais n'arrive pas à élargir le socle de Macron de 2017 voire est un peu en dessous.
Au centre gauche , les listes sont nombreuses. EELV a achevé ne mue libérale libertaire en rompant avec un discours proche de la gauche radicale et espère par ce biais remplacer le PS auprès d'un électorat de centre gauche. En même temps le PS s'est rallié à Place Publique dont le discours bobo intello est peu différent de celui d'eelv et qui tente de fédérer plusieurs micro partis de nouvelle donne à l'UDE en passant par les radicaux de gauche ou le diem 25. Je pense que ce choix est catastrophique pour le PS car il va pousser les derniers vallsistes ou centristes à rallier LREM malgré la droitisation de Macron, va dégoûter les militants et les cadres non situés dans les métropoles du PS et que sur ce créneau de centre gauche libertaire , le PS sera toujours moins crédible qu'eelv. ELV peut viser les 10% d'autant qu'ils ont intégré l'aei pour ne pas avoir de liste écologiste ni droite ni gauche leur prenant des voix et le PS n'est pas assuré de passer la barre des 5%.  Enfin, la liste eurofédéraliste progressiste de Volt europa devrait arriver à se présenter. Efin, la liste écologiste indépendante du MEI et de Delphine Batho peut priver de précieux points les écologistes.
à gauche trois partis devraient se présenter : Génération;s et le PCF devraient lutter pour la barre des 3%. Le PCF car malgré une bonne liste, il n'arrive pas à convaincre au delà de son cercle militant lui même endommagé par des polémiques récentes et génération;s car il n'arrive pas à se différencier d'EELV voire du PS version Glucksmann mais avec moins de base électorale et quasiment aucun allié européen. Enfin, LFI est le grand perdant de la première séquence. Alors qu'elle était vue comme une des premières forces d'opposition avec les 20% fait par Mélenchon, elle souffre de la fin du vote utile poussant l'électorat de gauche à aller voter ailleurs et de la démobilisation de son électorat. Mais elle souffre aussi d'une stratégie qui a à la fois purgé les opposants à une liste libertaire comme kuzmanovic en essayant d'attirer un électorat EELV compatible(avec le choix d'ne tête de liste peu eurosceptique) et en même temps d'une stratégie conjuguant un fond très à gauche et des discours ciblant les médias ou un soutien total aux Gilets Jaunes. Résultat des courses : l'électorat de gauche y étant opposé y est peut ètre plus opposé qu'à un coup de barre à droite su les sujets non socio économiques et l'électorat le plus proche d'une ligne kuzmanovic s'en va ailleurs vers l'upr ou l'abstention.
Enfin, à l'extreme gauche le NPA va essayer de présenter une liste pour ne pas disparaitre au profit de LO. LO a une liste déjà annoncée et avec ses 8000 militants moines soldats devrait faire 200 000 voix comme d'habitude.
Enfin, concernant les autres listes, nous aurons une liste sur le créneau eurofédéraliste, une liste ilamiste turque (parti égalité et justice) dont il sera intéressant d'examiner le score, une liste antispéciste animaliste dont on peut se demander si elle aura un électorat écologiste réfractaire à eelv, la liste de l'éruptif Jean Lassalle dont le potentiel reste assez flou et la liste de l'UPR qui est scotchée à 1% mais dispose d'une armée de militants fanatisés et d'un discours simple car monothématique

Pour résumer l'enjeu pour LREM et le RN est d'arriver en tête.
Pour LR de s'imposer clairement comme le troisième parti et d'avoir au moins 15%
Pour EELV et LFI d'avoir le leadership sur ce qui reste de la gauche et d'atteindre les 10%
Pour Place Publique PS et DLF de dépasser les 5% pour avoir des élus.
Pour l'UDI, le PCF et Génération;s de dépasser les 3% symbole de remboursement.

Opinion polling for the European Parliament election, 2019 (France).png

mercredi 20 février 2019


Les verts au niveau  de l'UE : de la gauche verte aux libéraux libertaires.

Les mouvements écologistes sont issus d’une deuxième gauche se centrant moins sur les questions socio-économiques et plus sur les questions « post matérialistes » c’est-à-dire liées aux questions de société , à l’immigration ou au multiculturalisme. Ce sont également des partis favorables à l’intégration plus poussées dans l’UE Enfin, ils ont un primat sur la question écologiste. Les clivages se font donc sur les questions socio-économiques et sur l’articulation entre les questions écologiques et les autres questions appelées « post matérialistes » (selon la typologie de Ronald Inglehart). Mes sources seront https://en.wikipedia.org/wiki/Greens%E2%80%93European_Free_Alliance et https://www.foederalist.eu/2019/01/europawahl-umfragen-januar-2019.html

En premier lieu, la famille historique est celle que j’appellerais les verts de la gauche libertaire. Il s’agit des partis très à gauche sur les questions non directement socio économiques et très à gauche sur les questions socio-économiques. Ce sont les partis verts historiques d’Autriche Benelux, EELV en France, les partis verts suédois et danois (celui-ci étant d’ailleurs issu d’une scission de gauche des sociaux-démocrates). Cela inclut aussi les écologistes espagnols et italiens. Enfin, cela incluait les verts allemands. Ces partis avaient 20 députés sur 41 du groupe Vert et régionaliste en 2004 (sans compter les 13 députés verts allemands). En 2009, suite au score d’EELV ils avaient 31 députés sur 53 (et 14 députés allemands). Mais en 2014, ils ne représentaient plus que 24 députés sur 50. Enfin, en 2019 ils ne devraient avoir que 20 élus sur 50 du fait de leur déclin en Autriche, en France et en Suède que ne compensent qu’imparfaitement les gains dans le Benelux. De plus, cela passe sous silence le fait que les verts suédois n’ont pas semblé indignés par le programme économique libéral de coalition et que si groenlinks n’a pas participé au gouvernement néerlandais c’est en raison de désaccords sur l’immigration bien plus que sur l’économie. On voit donc là que même pour l’aile gauche des verts les questions socioéconomiques semblent secondaires.

Mais l’élément décisif est la montée du bloc libéral libertaire. En effet, les partis verts sur cette position sont libertaires sur les questions post matérialistes mais libéraux sur les questions socio-économiques. Cela va avec le fait que la composition sociologique des partis verts est certes jeune et féminine ce que ces partis mettent en avant mais est aussi en moyenne plus aisée que la moyenne de la population. Les verts finlandais ne se définissent donc pas comme de gauche et progressivement les verts allemands ont purgé leur aile gauche au point actuellement de rentrer en compétition avec l’électorat de la CDU. Enfin, en Europe de l’est els partis verts sont essentiellement des partis libéraux avec un « supplément d’âme » écologiste. Les verts finlandais et allemands auront 19 députés d’après les projections mais devraient orienter le groupe vers cette voie du fait du poids prépondérant des verts allemands et de ce que nous avons vu sur l’aile gauche des verts.
Enfin, on note l’émergence d’un courant écologiste conservateur. Il s’agit essentiellement du petit parti écologiste démocratique allemand qui se différencie des verts allemands sur les questions de société mais aussi du parti vert lithuanien à la fois libéral économiquement et très conservateur sur les questions de société. Celui-ci étant au pouvoir, il devrait avoir 3 élus auquel se joindrait celui du parti écologiste démocratique.

Enfin, trois partis gravitent autour du groupe écologiste sans être membre du parti écologiste. Il s’agit tout d’abord des régionalistes indépendantistes. Ceux –ci partagent avec l’aile gauche verts un progressisme sur les questions de société et un discours de gauche sur les questions socio-économiques dans le cas des espagnols. Mais c’est moins évident pour le parti catalan de Puidgemont qui devrait quitter l’alde et l’union lettone russe n’est pas très progressiste sur les questions de société disons. Ils devraient avoir entre 3 et 4 élus mais l’actualité espagnole peut les renforcer. Enfin, la question pourra se poser pour eux s’ils mènent une campagne européenne commune avec les indépendantistes de droite (la nva flamande) de rester dans le groupe écologiste ou d’y attirer la N VA.

Les partis pirates sont séparés des verts mais devraient être dans le même groupe du fait de leur proximité sur les questions de société. Cependant, les quatre élus (1 en Allemagne et 3 en République Tchèque) devraient être sur une ligne libérale libertaire qui est celle de leur parti.
Enfin, l’aile gauche pourrait être renforcée par la scission de Syriza qui serait exclu de la gauche unitaire européenne et rejoindrait les verts ou le PSE avec ces 6 élus.

En conclusion les équilibres devraient virer vers une ligne libérale libertaire. En effet, non seulement les tenants de cette ligne seront renforcés après les élections mais surtout les partis sur une ligne de gauche libertaire sont très perméables à une évolution vers cette ligne (voir les propos de yannick jadot sur les gilets jaunes) et devraient donc y être attirés si le rapport de force interne se modifie ce qui sera le cas

lundi 21 janvier 2019

Elections européennes : la gauche radicale à la croisée des chemins. Etat des lieux et des forces en présence.

La gauche radicale dans mon appellation inclut les partis appartenant au groupe de la gauche unitaire européenne et ceux n'y appartenant pas mais étant de tradition marxiste ou écosocialiste. Je me propose de lister les partis y appartenant et pouvant avoir des élus ou des élues ainsi que les différences idéologiques au sein de cette famille unie par une critique très forte du libéralisme économique. Pour les estimations je me baserais sur les sondages publiés par Europe Elects et par https://www.foederalist.eu/2019/01/europawahl-umfragen-januar-2019.html

La première sous famille  de cette famille politique est le pôle communiste orthodoxe. Celui ci peut être caractérisé par une volonté de sortir de  l'Union Européenne et une attitude peu critique de l'héritage de l'URSS. Ils sont en moyenne moins libertaires sur les questions sociétales (les communistes portugais on voté contre l'euthanasie ou le part communiste de Grèce contre le PACS) ou liées à l'immigration (le parti communiste de Hongrie ou de bohème et Moravie sont assez anti immigration https://www.youtube.com/watch?v=LwsYSLSVF58 ). Ils développent des structures très englobantes leur assurant un socle électoral mais limitant leur capacité à s'étendre au delà. Enfin, ils conjuguent marxisme intransigeant et attachement à l'état nation. Quatre d'entre eux sont assez forts pour pouvoir aller au Parlement européen . Le Parti communiste portugais et le parti communiste de Boheme et Moravie d'après les sondages devraient avoir respectivement 1 et 2 députés alors que le parti communiste grec devrait en garder 2. Enfin, le parti communiste chypriote original car conjuguant une pratique très réformiste et social démocrate du pouvoir (qu'il a pratiqué étant un des deux partis majeurs de Chypre) à une pureté idéologique sans faille dans son programme peut garder  deux élus . En tout cela ferait 7 élus pour cette famille politique. Les autres partis de cette mouvance  sont faibles (parti communiste slovaque ou autrichien végétant à 1% des voix) ou carrément marginaux.

La seconde sous famille est celle que l'on peut appeler euro-communiste. Elle représente les partis communistes ou les alliances de partis englobant les ex partis communistes devenus favorables à l'Union Européenne et également plus libertaires sur les questions non socio économiques ainsi que très critiques vis à vis de l'URSS. Il s'agit notamment de la gauche radicale italienne (elle même extrêmement divisée sauf le temps de cartels électoraux) , de Syriza au pouvoir en Grèce , du PCF , de Die Linke en Allemagne et du parti "La Gauche" au Luxembourg ainsi que d'autres partis plus petits. Ils disposent de 18 députés européens actuellement. D'après les derniers sondages Syriza devrait en avoir 6 et Die Linke 9, les autres partis qui en sont membres ne devraient pas avoir d'élus. Cependant , on peut se demander si les députés de la gauche unitaire espagnole, bien qu'alliée à Podemos, du parti de la gauche européenne pourraient les rejoindre.

L'adhésion du fait de la peur de sortir de l'UE de Syriza à un programme d'austérité a scindé cette gauche. Une troisième famille peut être définie autour de la fédération de partis Maintenant le Peuple . On peut l'analyser comme ayant moins peur d'aller au rapport de force au sein de l'UE et de menacer d'une sortie de l'UE. Elle est souvent constituée de nouveaux partis politiques issus de scissions d'ailes gauches des partis sociaux démocrates sans rapport direct avec le communisme et l'histoire des partis communistes européens sauf dans le cas de mouvances issues du trotskisme. Enfin , ce sont des partis se réclamant d'un populisme de gauche opposant le peuple aux élites. Ils sont regroupés dans  l'alliance Maintenant le Peuple autour de LFI , de Podemos , du Bloc de Gauche portugais et de la gauche radicale scandinave auquel on peut adjoindre l'unité populaire grecque. Ils sont donnés dans les derniers sondages à 26 élus alors qu'ils en avaient 12 (du fait du faible score de la FI en 2014). Cependant le point d'orgue des résultats de ces partis semble plus avoir été atteint entre 2015 et 2017.

Cependant, un débat interne à ces partis a éclaté sr la nature du "populisme de gauche". Pour certains membres de ces partis, le populisme de gauche défini juste comme un relookage du discours opposant le peuple et l'élite n'était pas fonctionnel. Selon eux , la gauche radicale pour récupérer l'électorat ouvrier à l'extrême droite devrait remettre en cause son discours sur les questions sociétales et surtout sur l'immigration. Il est encore trop tôt pour savoir si ces partis vont percer mais on peut noter plusieurs scissions récentes tels que celle de la tendance sur cette ligne à LFI , du numéro 2 de Podemos Irrigon ou du mouvement Aufstehen issu de Die Linke. Enfin, en Italie il s'agit du mouvement Patrie Et Constitution de Stefano Fassina. On ne sait pas si les mouvements cités vont se présenter et quel serait leur potentiel électoral mais on peut au moins supposer qu'il n'est pas négligeable en Allemagne et en Espagne.

Enfin, un dernier groupe hétéroclite regroupe les partis forts au niveau national mais ne rentrant dans aucune de ces cases. On peut y trouver pêle mêle les républicains très sociaux du sinn feinn assez eurosceptiques, qui étaient très conservateurs sur les questions de société mais évoluent vers des positions plus libertaires et étaient la branche politique de l'IRA  et les partis néo maoistes que sont le parti socialiste néerlandais et le PTB PVDA belge. Ceux ci sont assez eurosceptiques et proches de la famille de "Maintenant le Peuple" dont ils se diffèrent par leur histoire et leurs références idéologiques (et le plus fort nationalisme du parti socialiste). Enfin, le parti ,la Gauche slovène semble être une union classique de gauche radicale mais avec personnalité importante le philosophe inclassable Slavoj Zizek. Ces 4 partis devraient obtenir 8 députés contre 6 dans le dernier Parlement Européen. Encore plus en marge on peut noter les partis animalistes qui devraient avoir un député aux pays bas et en Allemagne et dont l'adhésion à la gauche radicale est en grande partie technique (même si elle s'appuie sur quelques convergences).

Cela ferait 55 élus contre 54 actuellement soit une quasi stagnation. Pour avoir un groupe, il faut 25 élus de 6 pays différents. Dans cette optique deux scénarios sont possibles: une grande réconciliation dominée par Maintenant le Peuple et s'appuyant sur le fait qu'aucune autre sous famille ne peut actuellement rassembler des élus de 6 pays et 25 élus. Dans cette optique, seul Syriza serait exclue. Ou une scission en deux avec maintenant le Peuple formant un groupe en intégrant le sinn feinn et les partis néo maoïstes et die linke ralliant à son drapeau de justesse la plupart des partis communistes orthodoxes au nom du passé commun et ayant un groupe de justesse. Mais le trop peu d'élus me fait pencher pour la première option. La gauche radicale devrait donc stagner mais se recomposer avec le chant du cygne du courant eurocommuniste.

De Minoritaire et alors ?

mercredi 16 janvier 2019


 Analyse critique d’un article du « Monde » : https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/14/dans-le-laboratoire-economique-du-populisme_5408667_3234.html 

Le journal « le Monde » a fait un article sur le populisme économique en Europe de l’Est qui mélangerait des mesures sociales ciblées et du libéralisme économique. Nous apprenons que celui-ci vise à « gommer les excès des politiques de privatisation et d’ouverture d’après 1989 tout en créant une élite économique nationale ». Sauf qu’en analysant en détail les programmes de la Hongrie et de la Pologne comme le fait l’article, on voit des différences très nettes au contraire.

En effet, le gouvernement Orban a mélangé à quelques mesures sociales (taxe de crise sur les banques, des mesures ultra libérales (réduction du salaire des fonctionnaires, impôt sur les sociétés le plus faible d’Europe, flat tax et libéralisation du marché du travail avec nette hausse du plafond légal des heures supplémentaires).

A l’inverse, le gouvernement du parti Droit et Justice en Pologne a mis en, place, ce que le Monde appelle, une « surenchère » de mesures sociales qui correspond à un programme économique redistributif de gauche. L’âge de la retraite est baissé à 60 ans alors qu’il était de 65 ans pour les hommes et de 67 ans pour les femmes. Un programme d’allocations familiales a fait baisser l’extrême pauvreté infantile de 94%. L’impôt sur les sociétés a bien été baissé mais uniquement pour les PME TPE ce qui peut faire partie d’un programme social même si cela n’aide pas à créer des champions nationaux.

Certes, l’article est intéressant sur bien des aspects quand il pointe par exemple les faiblesses en terme de démographie ou de recherche de ces pays. Il pointe aussi des réelles convergences par exemple sur le rapport à la banque centrale dont les deux pays réduisent l'indépendance, dogme de l'économie orthodoxe. Cependant, il mélange sous l’appellation de « populisme économique » deux programmes ; un ultralibéralisme économique mâtiné de mesures liées au nationalisme économique et un programme redistributif classique d’une gauche keynésienne s’expliquant aussi par l’électorat ouvrier de Droit et Justice et par ses liens avec Solidarnosc, un des premiers syndicats de Pologne.

 Enfin, si ce mélange permet au Monde d’amalgamer les gouvernements très à droite d’Europe de l’Est qu’il n’aime pas, sous une politique économique commune ; c’est aussi une tentation à gauche où le discours facile et paresseux est souvent d’affirmer que la droite ultra conservatrice ou l’extrême droite ont un discours identitaire pour masquer leur libéralisme économique. Il serait temps d’admettre que dans certains cas comme Droit et Justice, c’est contredit par les faits et que Droit et Justice mène un gouvernement social. Cela ne veut pas dire les soutenir mais juste être lucide et admettre la vérité même quand elle dérange la gauche. Enfin, cela permet à la gauche d’avoir une analyse des alliés et des adversaires au niveau économique.

Minoritaire et alors ? .