Analyse critique d’un
article du « Monde » :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/14/dans-le-laboratoire-economique-du-populisme_5408667_3234.html
Le journal « le Monde » a fait un article sur le populisme
économique en Europe de l’Est qui mélangerait des mesures sociales ciblées et
du libéralisme économique. Nous apprenons que celui-ci vise à « gommer les
excès des politiques de privatisation et d’ouverture d’après 1989 tout en
créant une élite économique nationale ». Sauf qu’en analysant en détail les
programmes de la Hongrie et de la Pologne comme le fait l’article, on voit des
différences très nettes au contraire.
En effet, le gouvernement Orban a mélangé à quelques mesures
sociales (taxe de crise sur les banques, des mesures ultra libérales (réduction
du salaire des fonctionnaires, impôt sur les sociétés le plus faible d’Europe, flat tax et libéralisation du marché du travail avec nette hausse du plafond
légal des heures supplémentaires).
A l’inverse, le gouvernement du parti Droit et Justice en
Pologne a mis en, place, ce que le Monde appelle, une « surenchère » de mesures
sociales qui correspond à un programme économique redistributif de gauche.
L’âge de la retraite est baissé à 60 ans alors qu’il était de 65 ans pour les
hommes et de 67 ans pour les femmes. Un programme d’allocations familiales a
fait baisser l’extrême pauvreté infantile de 94%. L’impôt sur les sociétés a
bien été baissé mais uniquement pour les PME TPE ce qui peut faire partie d’un
programme social même si cela n’aide pas à créer des champions nationaux.
Certes, l’article est intéressant sur bien des aspects quand
il pointe par exemple les faiblesses en terme de démographie ou de recherche de
ces pays. Il pointe aussi des réelles convergences par exemple sur le rapport à la banque centrale dont les deux pays réduisent l'indépendance, dogme de l'économie orthodoxe. Cependant, il mélange sous l’appellation de « populisme économique »
deux programmes ; un ultralibéralisme économique mâtiné de mesures liées au
nationalisme économique et un programme redistributif classique d’une gauche
keynésienne s’expliquant aussi par l’électorat ouvrier de Droit et Justice et
par ses liens avec Solidarnosc, un des premiers syndicats de Pologne.
Enfin, si ce mélange
permet au Monde d’amalgamer les gouvernements très à droite d’Europe de l’Est
qu’il n’aime pas, sous une politique économique commune ; c’est aussi une
tentation à gauche où le discours facile et paresseux est souvent d’affirmer
que la droite ultra conservatrice ou l’extrême droite ont un discours
identitaire pour masquer leur libéralisme économique. Il serait temps
d’admettre que dans certains cas comme Droit et Justice, c’est contredit par
les faits et que Droit et Justice mène un gouvernement social. Cela ne veut pas
dire les soutenir mais juste être lucide et admettre la vérité même quand elle dérange
la gauche. Enfin, cela permet à la gauche d’avoir une analyse des alliés et des
adversaires au niveau économique.
Minoritaire et alors ? .
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