jeudi 3 mai 2018


Droite, extrême droite : vers une fusion ?

Evènement

Dans Valeurs actuelles un certain nombre de responsables de l’aile droite de la droite et du FN ont appelé à une union des droites. Voilà la liste des plus importants ainsi que quelques élus locaux. :
- Charles BEIGBEDER, entrepreneur, élu de Paris
- Véronique BESSE, maire des Herbiers, Présidente de la communauté de communes du Pays des Herbiers (Vendée), député honoraire
- Jacques BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse)
- Christine BOUTIN, ancien Ministre
- Nicolas DHUICQ, maire de Brienne-le-Château (Aube), député honoraire
- Pascal GANNAT, conseiller régional (Pays de la Loire)
- Hervé de LEPINAU, conseiller municipal, conseiller départemental (Vaucluse)
- Marie-France LORHO, député (Vaucluse)
- Thierry MARIANI, ancien Ministre
- Emmanuelle MENARD, député (Hérault) 
- Robert MENARD, maire de Béziers (Hérault)
- Charles MILLON, ancien Ministre
- Bruno NORTH, entrepreneur, Président du CNIP
- Karim OUCHIKH, conseiller municipal, conseiller régional (Île-de-France), Président du SIEL
- Jean-Frédéric POISSON, député honoraire, maire-adjoint de Rambouillet (Yvelines), Président du PCD
- Christian VANNESTE, député honoraire, Président du RPF et de La droite libre.

Mouvement : histoire et idéologie

En premier lieu, cette alliance se structure autour du mouvement de la « droite hors les murs » autoproclamé. Celui-ci s’est d’abord structuré autour d’auteurs phares (Zemmour, Finkelkraut, Levy), de l’aile droite de la Manif pour Tous et de médias tels que Valeurs Actuelles ou Causeur. Ce qui les regroupe et est affirmé dans le manifeste est d’abord une ligne non seulement très hostile à l’immigration mais aussi assez identitaire « - la défense de notre culture, de notre identité (contre l’immigration de peuplement et le multiculturalisme) et de notre patrimoine hérité (contre l’impérialisme islamique et le constructivisme laïcard) ; » avec cependant une nuance décisive les différenciant des identitaires qui est le refus d’une dimension raciale , un conservatisme sociétal clair « - la préservation d’une conception traditionnelle en matière de bioéthique et de politique familiale (contre le progressisme sociétal sans limite et le matérialisme dans les relations humaines) afin de protéger la dignité de chaque personne. », un net libéralisme économique « - la promotion des libertés, notamment économiques, des corps sociaux (contre l’étatisme bureaucratique et fiscaliste) par l’application du principe de subsidiarité ; » et une critique de l’UE actuelle au nom d’une vision d’une Europe puissance et civilisation et pas au nom du souverainisme « - l’affirmation de la souveraineté conçue comme un moyen et non une fin (contre l’européisme béat mais au service d’une Europe enracinée) et de la puissance de la civilisation européenne dans le cadre d’une conception réaliste (et non idéaliste) des relations internationales ; ».
Une telle vision est donc en désaccord avec la droite type LR car elle trouve qu’ils se privent d’accéder au pouvoir car ils ne veulent pas une alliance avec le FN et car ils sont pas assez à droite sur les questions migratoires et identitaires et avec le FN car ils trouvent que celui-ci a un discours économique trop à gauche, trop souverainiste, pas assez conservateur sur les questions sociétales et effraie de ce fait l’électorat de droite.

Perspectives

Une telle offre pourrait -elle s’imposer ? Les signataires sont assez peu nombreux ety ont souvent leurs carrières politiques derrière eux : ce sont d’anciens députés ou ministres. Cependant, on peut noter en premier lieu que c’est l’aile droite du FN ou des membres de la sphère du FN (Pascal Gannat, Hervé de Lépinau, les époux Ménard, Karim Ouchikh) qui sont pour une alliance avec la droite . Cela n’est en fait pas étonnant car leur analyse est que la droite est d’accord avec eux sur les questions de conservatisme sociétal, d’immigration et d’identité et que le désaccord porte sur l’économie et l’euro (où ils s’opposaient à l’aile sociale souverainiste de Phillipot). De plus, le départ de Phillipot du FN ouvre une forte opportunité pour ce courant de l’emporter au sein du FN. ON peut en voir un exemple dans le récent discours du premier mai à Nice de Marine le Pen où elle explique que « "L'Europe est une bonne idée et l'Union européenne est en train de la tuer", » et où elle adhère à une vision d’une Europe civilisation et identitaire dont un exemple très frappant est illustré par cette vidéo d’un think thank de l’extrême droite identitaire https://www.youtube.com/watch?v=02nLxNzIA9g. Enfin, on peut noter que les signataires à droite en dehors d’une poussière d’élus locaux recoupent quand même les partis de la droite plus à droite que LR mais restant alliée à LR (SIEL, PCD ou résidus du MPF). Avec une droite se durcissant à droite avec l’élection de Laurent Wauquiez et ne pouvant mettre en avant qu’une ligne plus dure sur les questions migratoires et identitaires qu’En Marche qui applique le programme économique dont la droite rêvait en dehors de l’augmentation de la CSG (même une telle ligne sur les questions migratoires et identitaires est dure à trouver pour LR avec Collomb), l’attrait pour la droite d’une telle alliance serait potentiellement très fort

Qu’en déduire à gauche ?

  D’abord que le risque qu’une telle union des droites sur un modèle italien autrichien ou bulgare arrive au pouvoir est élevé sur une ligne libérale identitaire. En effet, une telle alliance pèserait près de 40 à 50 % des français dans les forces politiques actuelles. Ensuite se dire qu’il y a une opportunité. Phillipot n’arrive pas à réussir son parti de fonder un parti attractif en quittant le FN , une gauche de transformation économique et sociale pourrait utiliser ce virage libéral du FN pour faire revenir à gauche l’électorat ouvrier qui vote désormais majoritairement pour le FN. Mais ceci n’implique pas seulement un discours économique de gauche (qui existe déjà) mais aussi un changement du discours de cette gauche sur la nation ou la sécurité et une moins grande tolérance envers les franges gauchistes aux marges de cette gauche portant un discours qui est radicalement opposé à un tel changement et qui sans être majoritaires font encore partie du spectre de la gauche radicale. À cette condition cette menace pourrait se transformer en clé pour recréer une majorité de gauche qui en France n’existe plus depuis 1981.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire