mercredi 16 janvier 2019


 Analyse critique d’un article du « Monde » : https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/14/dans-le-laboratoire-economique-du-populisme_5408667_3234.html 

Le journal « le Monde » a fait un article sur le populisme économique en Europe de l’Est qui mélangerait des mesures sociales ciblées et du libéralisme économique. Nous apprenons que celui-ci vise à « gommer les excès des politiques de privatisation et d’ouverture d’après 1989 tout en créant une élite économique nationale ». Sauf qu’en analysant en détail les programmes de la Hongrie et de la Pologne comme le fait l’article, on voit des différences très nettes au contraire.

En effet, le gouvernement Orban a mélangé à quelques mesures sociales (taxe de crise sur les banques, des mesures ultra libérales (réduction du salaire des fonctionnaires, impôt sur les sociétés le plus faible d’Europe, flat tax et libéralisation du marché du travail avec nette hausse du plafond légal des heures supplémentaires).

A l’inverse, le gouvernement du parti Droit et Justice en Pologne a mis en, place, ce que le Monde appelle, une « surenchère » de mesures sociales qui correspond à un programme économique redistributif de gauche. L’âge de la retraite est baissé à 60 ans alors qu’il était de 65 ans pour les hommes et de 67 ans pour les femmes. Un programme d’allocations familiales a fait baisser l’extrême pauvreté infantile de 94%. L’impôt sur les sociétés a bien été baissé mais uniquement pour les PME TPE ce qui peut faire partie d’un programme social même si cela n’aide pas à créer des champions nationaux.

Certes, l’article est intéressant sur bien des aspects quand il pointe par exemple les faiblesses en terme de démographie ou de recherche de ces pays. Il pointe aussi des réelles convergences par exemple sur le rapport à la banque centrale dont les deux pays réduisent l'indépendance, dogme de l'économie orthodoxe. Cependant, il mélange sous l’appellation de « populisme économique » deux programmes ; un ultralibéralisme économique mâtiné de mesures liées au nationalisme économique et un programme redistributif classique d’une gauche keynésienne s’expliquant aussi par l’électorat ouvrier de Droit et Justice et par ses liens avec Solidarnosc, un des premiers syndicats de Pologne.

 Enfin, si ce mélange permet au Monde d’amalgamer les gouvernements très à droite d’Europe de l’Est qu’il n’aime pas, sous une politique économique commune ; c’est aussi une tentation à gauche où le discours facile et paresseux est souvent d’affirmer que la droite ultra conservatrice ou l’extrême droite ont un discours identitaire pour masquer leur libéralisme économique. Il serait temps d’admettre que dans certains cas comme Droit et Justice, c’est contredit par les faits et que Droit et Justice mène un gouvernement social. Cela ne veut pas dire les soutenir mais juste être lucide et admettre la vérité même quand elle dérange la gauche. Enfin, cela permet à la gauche d’avoir une analyse des alliés et des adversaires au niveau économique.

Minoritaire et alors ? . 

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