mercredi 20 février 2019


Les verts au niveau  de l'UE : de la gauche verte aux libéraux libertaires.

Les mouvements écologistes sont issus d’une deuxième gauche se centrant moins sur les questions socio-économiques et plus sur les questions « post matérialistes » c’est-à-dire liées aux questions de société , à l’immigration ou au multiculturalisme. Ce sont également des partis favorables à l’intégration plus poussées dans l’UE Enfin, ils ont un primat sur la question écologiste. Les clivages se font donc sur les questions socio-économiques et sur l’articulation entre les questions écologiques et les autres questions appelées « post matérialistes » (selon la typologie de Ronald Inglehart). Mes sources seront https://en.wikipedia.org/wiki/Greens%E2%80%93European_Free_Alliance et https://www.foederalist.eu/2019/01/europawahl-umfragen-januar-2019.html

En premier lieu, la famille historique est celle que j’appellerais les verts de la gauche libertaire. Il s’agit des partis très à gauche sur les questions non directement socio économiques et très à gauche sur les questions socio-économiques. Ce sont les partis verts historiques d’Autriche Benelux, EELV en France, les partis verts suédois et danois (celui-ci étant d’ailleurs issu d’une scission de gauche des sociaux-démocrates). Cela inclut aussi les écologistes espagnols et italiens. Enfin, cela incluait les verts allemands. Ces partis avaient 20 députés sur 41 du groupe Vert et régionaliste en 2004 (sans compter les 13 députés verts allemands). En 2009, suite au score d’EELV ils avaient 31 députés sur 53 (et 14 députés allemands). Mais en 2014, ils ne représentaient plus que 24 députés sur 50. Enfin, en 2019 ils ne devraient avoir que 20 élus sur 50 du fait de leur déclin en Autriche, en France et en Suède que ne compensent qu’imparfaitement les gains dans le Benelux. De plus, cela passe sous silence le fait que les verts suédois n’ont pas semblé indignés par le programme économique libéral de coalition et que si groenlinks n’a pas participé au gouvernement néerlandais c’est en raison de désaccords sur l’immigration bien plus que sur l’économie. On voit donc là que même pour l’aile gauche des verts les questions socioéconomiques semblent secondaires.

Mais l’élément décisif est la montée du bloc libéral libertaire. En effet, les partis verts sur cette position sont libertaires sur les questions post matérialistes mais libéraux sur les questions socio-économiques. Cela va avec le fait que la composition sociologique des partis verts est certes jeune et féminine ce que ces partis mettent en avant mais est aussi en moyenne plus aisée que la moyenne de la population. Les verts finlandais ne se définissent donc pas comme de gauche et progressivement les verts allemands ont purgé leur aile gauche au point actuellement de rentrer en compétition avec l’électorat de la CDU. Enfin, en Europe de l’est els partis verts sont essentiellement des partis libéraux avec un « supplément d’âme » écologiste. Les verts finlandais et allemands auront 19 députés d’après les projections mais devraient orienter le groupe vers cette voie du fait du poids prépondérant des verts allemands et de ce que nous avons vu sur l’aile gauche des verts.
Enfin, on note l’émergence d’un courant écologiste conservateur. Il s’agit essentiellement du petit parti écologiste démocratique allemand qui se différencie des verts allemands sur les questions de société mais aussi du parti vert lithuanien à la fois libéral économiquement et très conservateur sur les questions de société. Celui-ci étant au pouvoir, il devrait avoir 3 élus auquel se joindrait celui du parti écologiste démocratique.

Enfin, trois partis gravitent autour du groupe écologiste sans être membre du parti écologiste. Il s’agit tout d’abord des régionalistes indépendantistes. Ceux –ci partagent avec l’aile gauche verts un progressisme sur les questions de société et un discours de gauche sur les questions socio-économiques dans le cas des espagnols. Mais c’est moins évident pour le parti catalan de Puidgemont qui devrait quitter l’alde et l’union lettone russe n’est pas très progressiste sur les questions de société disons. Ils devraient avoir entre 3 et 4 élus mais l’actualité espagnole peut les renforcer. Enfin, la question pourra se poser pour eux s’ils mènent une campagne européenne commune avec les indépendantistes de droite (la nva flamande) de rester dans le groupe écologiste ou d’y attirer la N VA.

Les partis pirates sont séparés des verts mais devraient être dans le même groupe du fait de leur proximité sur les questions de société. Cependant, les quatre élus (1 en Allemagne et 3 en République Tchèque) devraient être sur une ligne libérale libertaire qui est celle de leur parti.
Enfin, l’aile gauche pourrait être renforcée par la scission de Syriza qui serait exclu de la gauche unitaire européenne et rejoindrait les verts ou le PSE avec ces 6 élus.

En conclusion les équilibres devraient virer vers une ligne libérale libertaire. En effet, non seulement les tenants de cette ligne seront renforcés après les élections mais surtout les partis sur une ligne de gauche libertaire sont très perméables à une évolution vers cette ligne (voir les propos de yannick jadot sur les gilets jaunes) et devraient donc y être attirés si le rapport de force interne se modifie ce qui sera le cas