Les verts au niveau de l'UE : de la gauche verte aux libéraux
libertaires.
Les mouvements écologistes sont issus d’une deuxième gauche se centrant moins sur les questions socio-économiques et plus sur les questions « post matérialistes » c’est-à-dire liées aux questions de société , à l’immigration ou au multiculturalisme. Ce sont également des partis favorables à l’intégration plus poussées dans l’UE Enfin, ils ont un primat sur la question écologiste. Les clivages se font donc sur les questions socio-économiques et sur l’articulation entre les questions écologiques et les autres questions appelées « post matérialistes » (selon la typologie de Ronald Inglehart). Mes sources seront https://en.wikipedia.org/wiki/Greens%E2%80%93European_Free_Alliance et https://www.foederalist.eu/2019/01/europawahl-umfragen-januar-2019.html
En premier lieu, la famille historique est celle que j’appellerais
les verts de la gauche libertaire. Il s’agit des partis très à gauche sur les questions non directement socio économiques et très à gauche sur
les questions socio-économiques. Ce sont les partis verts historiques d’Autriche
Benelux, EELV en France, les partis verts suédois et danois (celui-ci étant d’ailleurs
issu d’une scission de gauche des sociaux-démocrates). Cela inclut aussi les
écologistes espagnols et italiens. Enfin, cela incluait les verts allemands.
Ces partis avaient 20 députés sur 41 du groupe Vert et régionaliste en 2004
(sans compter les 13 députés verts allemands). En 2009, suite au score d’EELV
ils avaient 31 députés sur 53 (et 14 députés allemands). Mais en 2014, ils ne
représentaient plus que 24 députés sur 50. Enfin, en 2019 ils ne devraient avoir
que 20 élus sur 50 du fait de leur déclin en Autriche, en France et en Suède
que ne compensent qu’imparfaitement les gains dans le Benelux. De plus, cela
passe sous silence le fait que les verts suédois n’ont pas semblé indignés par
le programme économique libéral de coalition et que si groenlinks n’a pas
participé au gouvernement néerlandais c’est en raison de désaccords sur l’immigration
bien plus que sur l’économie. On voit donc là que même pour l’aile gauche des
verts les questions socioéconomiques semblent secondaires.
Mais l’élément décisif est la montée du bloc libéral
libertaire. En effet, les partis verts sur cette position sont libertaires sur
les questions post matérialistes mais libéraux sur les questions socio-économiques.
Cela va avec le fait que la composition sociologique des partis verts est
certes jeune et féminine ce que ces partis mettent en avant mais est aussi en
moyenne plus aisée que la moyenne de la population. Les verts finlandais ne se
définissent donc pas comme de gauche et progressivement les verts allemands ont
purgé leur aile gauche au point actuellement de rentrer en compétition avec l’électorat
de la CDU. Enfin, en Europe de l’est els partis verts sont essentiellement des
partis libéraux avec un « supplément d’âme » écologiste. Les verts finlandais
et allemands auront 19 députés d’après les projections mais devraient orienter
le groupe vers cette voie du fait du poids prépondérant des verts allemands et
de ce que nous avons vu sur l’aile gauche des verts.
Enfin, on note l’émergence d’un courant écologiste
conservateur. Il s’agit essentiellement du petit parti écologiste démocratique
allemand qui se différencie des verts allemands sur les questions de société
mais aussi du parti vert lithuanien à la fois libéral économiquement et très
conservateur sur les questions de société. Celui-ci étant au pouvoir, il
devrait avoir 3 élus auquel se joindrait celui du parti écologiste démocratique.
Enfin, trois partis gravitent autour du groupe écologiste
sans être membre du parti écologiste. Il s’agit tout d’abord des régionalistes
indépendantistes. Ceux –ci partagent avec l’aile gauche verts un progressisme
sur les questions de société et un discours de gauche sur les questions socio-économiques
dans le cas des espagnols. Mais c’est moins évident pour le parti catalan de
Puidgemont qui devrait quitter l’alde et l’union lettone russe n’est pas très
progressiste sur les questions de société disons. Ils devraient avoir entre 3
et 4 élus mais l’actualité espagnole peut les renforcer. Enfin, la question
pourra se poser pour eux s’ils mènent une campagne européenne commune avec les
indépendantistes de droite (la nva flamande) de rester dans le groupe
écologiste ou d’y attirer la N VA.
Les partis pirates sont séparés des verts mais devraient
être dans le même groupe du fait de leur proximité sur les questions de
société. Cependant, les quatre élus (1 en Allemagne et 3 en République Tchèque)
devraient être sur une ligne libérale libertaire qui est celle de leur parti.
Enfin, l’aile gauche pourrait être renforcée par la scission
de Syriza qui serait exclu de la gauche unitaire européenne et rejoindrait les
verts ou le PSE avec ces 6 élus.
En conclusion les équilibres devraient virer vers une ligne
libérale libertaire. En effet, non seulement les tenants de cette ligne seront
renforcés après les élections mais surtout les partis sur une ligne de gauche
libertaire sont très perméables à une évolution vers cette ligne (voir les
propos de yannick jadot sur les gilets jaunes) et devraient donc y être attirés
si le rapport de force interne se modifie ce qui sera le cas