Droite, extrême droite : vers une fusion ?
Dans Valeurs actuelles un certain nombre de responsables de
l’aile droite de la droite et du FN ont appelé à une union des droites. Voilà
la liste des plus importants ainsi que quelques élus locaux. :
- Charles BEIGBEDER, entrepreneur, élu de Paris
- Véronique BESSE, maire des Herbiers, Présidente de la
communauté de communes du Pays des Herbiers (Vendée), député honoraire
- Jacques BOMPARD, maire d'Orange (Vaucluse)
- Christine BOUTIN, ancien Ministre
- Nicolas DHUICQ, maire de Brienne-le-Château (Aube), député
honoraire
- Pascal GANNAT, conseiller régional (Pays de la Loire)
- Hervé de LEPINAU, conseiller municipal, conseiller
départemental (Vaucluse)
- Marie-France LORHO, député (Vaucluse)
- Thierry MARIANI, ancien Ministre
- Emmanuelle MENARD, député (Hérault)
- Robert MENARD, maire de Béziers (Hérault)
- Charles MILLON, ancien Ministre
- Bruno NORTH, entrepreneur, Président du CNIP
- Karim OUCHIKH, conseiller municipal, conseiller régional
(Île-de-France), Président du SIEL
- Jean-Frédéric POISSON, député honoraire, maire-adjoint de
Rambouillet (Yvelines), Président du PCD
- Christian VANNESTE, député honoraire, Président du RPF et
de La droite libre.
Mouvement : histoire et idéologie
En premier lieu, cette alliance se structure autour du
mouvement de la « droite hors les murs » autoproclamé. Celui-ci s’est
d’abord structuré autour d’auteurs phares (Zemmour, Finkelkraut, Levy), de l’aile
droite de la Manif pour Tous et de médias tels que Valeurs Actuelles ou
Causeur. Ce qui les regroupe et est affirmé dans le manifeste est d’abord une
ligne non seulement très hostile à l’immigration mais aussi assez identitaire « -
la défense de notre culture, de notre identité (contre l’immigration de
peuplement et le multiculturalisme) et de notre patrimoine hérité (contre
l’impérialisme islamique et le constructivisme laïcard) ; » avec cependant
une nuance décisive les différenciant des identitaires qui est le refus d’une
dimension raciale , un conservatisme sociétal clair « - la préservation
d’une conception traditionnelle en matière de bioéthique et de politique
familiale (contre le progressisme sociétal sans limite et le matérialisme dans
les relations humaines) afin de protéger la dignité de chaque personne. »,
un net libéralisme économique « - la promotion des libertés, notamment
économiques, des corps sociaux (contre l’étatisme bureaucratique et fiscaliste)
par l’application du principe de subsidiarité ; » et une critique de l’UE
actuelle au nom d’une vision d’une Europe puissance et civilisation et pas au
nom du souverainisme « - l’affirmation de la souveraineté conçue comme un
moyen et non une fin (contre l’européisme béat mais au service d’une Europe
enracinée) et de la puissance de la civilisation européenne dans le cadre d’une
conception réaliste (et non idéaliste) des relations internationales ; ».
Une telle vision est donc en désaccord avec la droite type
LR car elle trouve qu’ils se privent d’accéder au pouvoir car ils ne veulent
pas une alliance avec le FN et car ils sont pas assez à droite sur les
questions migratoires et identitaires et avec le FN car ils trouvent que
celui-ci a un discours économique trop à gauche, trop souverainiste, pas assez
conservateur sur les questions sociétales et effraie de ce fait l’électorat de
droite.
Perspectives
Une telle offre pourrait -elle s’imposer ? Les
signataires sont assez peu nombreux ety ont souvent leurs carrières politiques
derrière eux : ce sont d’anciens députés ou ministres. Cependant, on peut
noter en premier lieu que c’est l’aile droite du FN ou des membres de la sphère
du FN (Pascal Gannat, Hervé de Lépinau, les époux Ménard, Karim Ouchikh) qui
sont pour une alliance avec la droite . Cela n’est en fait pas étonnant car
leur analyse est que la droite est d’accord avec eux sur les questions de
conservatisme sociétal, d’immigration et d’identité et que le désaccord porte
sur l’économie et l’euro (où ils s’opposaient à l’aile sociale souverainiste de
Phillipot). De plus, le départ de Phillipot du FN ouvre une forte opportunité
pour ce courant de l’emporter au sein du FN. ON peut en voir un exemple dans le
récent discours du premier mai à Nice de Marine le Pen où elle explique que « "L'Europe
est une bonne idée et l'Union européenne est en train de la tuer", »
et où elle adhère à une vision d’une Europe civilisation et identitaire dont un
exemple très frappant est illustré par cette vidéo d’un think thank de l’extrême
droite identitaire https://www.youtube.com/watch?v=02nLxNzIA9g. Enfin, on peut
noter que les signataires à droite en dehors d’une poussière d’élus locaux
recoupent quand même les partis de la droite plus à droite que LR mais restant
alliée à LR (SIEL, PCD ou résidus du MPF). Avec une droite se durcissant à
droite avec l’élection de Laurent Wauquiez et ne pouvant mettre en avant qu’une
ligne plus dure sur les questions migratoires et identitaires qu’En Marche qui
applique le programme économique dont la droite rêvait en dehors de l’augmentation
de la CSG (même une telle ligne sur les questions migratoires et identitaires
est dure à trouver pour LR avec Collomb), l’attrait pour la droite d’une telle
alliance serait potentiellement très fort
Qu’en déduire à gauche ?
D’abord que le risque qu’une telle union des droites
sur un modèle italien autrichien ou bulgare arrive au pouvoir est élevé sur une
ligne libérale identitaire. En effet, une telle alliance pèserait près de 40 à
50 % des français dans les forces politiques actuelles. Ensuite se dire qu’il y
a une opportunité. Phillipot n’arrive pas à réussir son parti de fonder un
parti attractif en quittant le FN , une gauche de transformation économique et
sociale pourrait utiliser ce virage libéral du FN pour faire revenir à gauche l’électorat
ouvrier qui vote désormais majoritairement pour le FN. Mais ceci n’implique pas
seulement un discours économique de gauche (qui existe déjà) mais aussi un
changement du discours de cette gauche sur la nation ou la sécurité et une
moins grande tolérance envers les franges gauchistes aux marges de cette gauche
portant un discours qui est radicalement opposé à un tel changement et qui sans
être majoritaires font encore partie du spectre de la gauche radicale. À cette condition
cette menace pourrait se transformer en clé pour recréer une majorité de gauche
qui en France n’existe plus depuis 1981.
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